Quel plaisir de pouvoir replonger dans l'ambiance grandiose des westerns à travers un jeu vidéo ! Qui plus est, un Commandos-like ! A nous les chevauchées fantastiques, les tentatives d'évasion, les pendaisons et les hold-ups. Mais ne vous laissez pas pour autant emporter par l'atmosphère héroïque que procure ce titre, même les pieds-tendre doivent faire preuve de sang-froid, et Desperados vous apprendra à modérer vos ardeurs. Tous ceux qui s'attendaient à déclencher les feux de l'enfer à coups de revolver vont devoir réviser leurs classiques. Le Far-West, c'est aussi les duels truqués, les traîtrises dans le dos et les complots dans les saloons. Desperados mise tout sur la ruse et l'infiltration, et c'est pour cela que les atours de Commandos lui vont si bien.

Après une intro de grande classe qui cumule les clins d'oeil aux films de Sergio Leone et autres chef-d'oeuvre du western, vous voilà propulsé dans le jeu dans la peau de John Cooper, archétype du chasseur de prime et véritable tireur d'élite. Ce ne sont pas moins de 25 missions qui vous attendent tout au long du jeu, toutes liées les unes aux autres et parfaitement scénarisées, qui vous conduiront à rencontrer cinq autres personnages clés qui viendront rejoindre votre gang de desperados. A chaque fois, il faudra apprendre à tirer parti des compétences spécifiques à chaque personnage, pour parvenir à terminer chaque niveau sans que personne ne soit pris ni tué.

Le charisme des personnages rend l'intrigue réellement passionnante, les différentes facettes de chacun se révélant peu à peu au joueur. Ainsi, vous vous retrouverez après quelques heures de jeu à la tête d'un groupe de six personnages complémentaires : un expert en explosifs, un médecin spécialiste en crochetage de serrures, une joueuse de poker qui n'hésite pas à jouer de ses charmes pour déstabiliser ses adversaires, un gros dur mexicain, une petite chinoise accompagnée d'un singe, et notre fameux chasseur de prime. La réalisation profite de décors 2D vraiment jolis et riches en détails. On se croirait devant une véritable maquette vivante ! L'interaction avec l'environnement est d'ailleurs très poussée : vous pourrez par exemple vous cacher dans des bâtiments en exploitant la moindre ouverture pour vous faufiler sur les toits, créer une diversion pour détourner l'attention d'un cavalier qui descendra de son cheval pendant que vous lui subtiliserez sa monture après l'avoir soigneusement scellée.

L'IA est tellement bien gérée que parvenir à déjouer l'attention des ennemis s'avère être un réel défi qui mettra votre matière grise à rude épreuve. La difficulté extrême du jeu réside dans le fait qu'il y a souvent trop peu de solutions différentes permises par le soft pour remplir les différents objectifs de mission. Il faut être patient et accepter de recommencer des dizaines de fois une même phase de jeu pour trouver la bonne stratégie à adopter, et vu le nombre de possibilités qu'autorise le soft, la tâche ne sera pas facile. Diversions, dissimulation de corps, infiltration discrète en rampant dans les champs de blé, ne sont qu'un aperçu des multiples possibilités d'action offertes par Desperados. Méfiez-vous des civils dont les niveaux sont abondamment peuplés car ils donneront l'alerte s'ils vous voient tirer ou déplacer un corps. De la même manière, les multiples façons de se débarrasser des individus gênants ajoutent une dimension tactique considérable : opter pour le lancer de couteau vous évitera peut-être les inévitables désagréments d'une fusillade trop bruyante, mais il faudra alors se débrouiller pour récupérer sa lame rapidement sans se faire repérer.

Toujours présents, les cônes de vision des ennemis exploitent un système de couleur très pratique pour tenir informé le joueur de l'état d'alerte des adversaires. La zone de jeu étant visible dans son intégralité, il sera nécessaire de prendre les repères de chaque endroit propice à une embuscade et de mémoriser les rondes de ses ennemis. Une tâche plus passionnante que fastidieuse, qui transforme les missions en de véritables casse-têtes. Au niveau du gameplay, l'interface est aussi simple qu'ergonomique et les accros du clavier pourront opter pour les multiples raccourcis disponibles. Un système de macros appelé Quick Action facilitera la progression du joueur en lui permettant de réaliser un enchaînement de petites actions à l'aide d'un simple clic. Avec ses multiples rebondissements et ses 25 missions disponibles, le titre de Spellbound bénéficie d'une durée de vie gigantesque. Desperados ne doit donc pas être considéré comme un concurrent de la série des Commandos. Ceux qui ont aimé le titre de Pyro Studios ne manqueront pas d'être séduits par Desperados qui leur procurera de nombreuses heures de jeu en attendant la suite de Commandos. Quant aux autres, ils pourront profiter de la sortie du titre de Spellbound pour découvrir un genre à part dans la catégorie des jeux de stratégie temps-réel, pour peu que le contexte western les attire, mais qui y résisterait ?