Après King's Field, From Software nous propose de renouer avec sa vision du RPG et nous offre un Eternal Ring censé poursuivre la démarche innovante débutée il y a quelques années déjà. Un essai sur PS2 qui a bien du mal à être transformé avec un soft somme toute très décevant.
Nous voici dans le royaume d'Heingaria tombé depuis quelques temps sous l'empire d'une véritable tyrannie élaborée par de viles machinations et tromperies. Le jeune roi du royaume, abusé par ses conseillers se trouve vite dessaisi du pouvoir laissant place à une véritable dictature. Une expédition organisée sur une île mystérieuse met cependant la puce à l'oreille du jeune souverain qui décide d'envoyer sur place Cain Morgan, l'un des membres de sa garde. Le joueur incarne Cain, livré à lui-même sur une des plages bordant cette île étrange et au travers de laquelle il devra se frayer un passage au milieu des nombreux dangers qui se dresseront sur sa route.
Sans plus d'explications, vous voici seul sur le bord de la plage, incarnant en vue subjective le héros de la garde. Le joueur découvrira progressivement l'ampleur de ce qui se trame dans l'ombre de cette île mystérieuse et devra combattre de nombreux monstres et ennemis variés. Basé sur un système de RPG mêlé à une sorte de shooter à la première personne, Eternal Ring vous balance donc dans cet étrange univers dont l'exploration des recoins les plus sinistres vous sera imposée. Muni en premier lieu d'une vulgaire épée, vous découvrirez rapidement que le massacre des créatures grossières qui se dressent sur votre passage permet à notre héros de gagner de l'expérience et des points de magie. Voici donc que la partie RPG de ce soft pointe le bout de son nez, ce que l'on avait pas encore soupçonné jusque là. Vous découvrirez alors rapidement les subtilités d'une interface peu intuitive en dépit de son esthétique ainsi que les nombreuses interactions au travers de dialogues d'une longueur insoupçonnée qu'il vous faudra entretenir avec les personnages que vous rencontrerez.
Charmant programme me direz-vous si tant est qu'il s'éclaircisse par la suite. La seule difficulté consistant à parvenir à dépasser la redoutable phase d'ennui mêlée d'un profond sentiment de solitude qui apparaissent à peu près au bout de trois minutes après l'énigmatique présentation de ce soft. La suite ressemble à une véritable errance dans des dédales de cavernes bourrées de moustiques et de grenouilles géantes avant de se complexifier un brin pour devenir ensuite véritablement difficile. Cain devra collecter de nombreux Gems et anneaux (d'où le nom !) et s'efforcera de retrouver sa route au travers de l'île sans pour autant savoir nécessairement s'il progresse dans la bonne direction. A ce brillant palmarès vient s'ajouter une maniabilité des plus intéressantes et qui nous ferait rapidement nous demander si les nombreux boutons de la manette de la PS2 ne sont pas une belle perte d'espace. Les réactions sont lentes, les mouvements manquent de naturel et l'on a toutes les peines du monde à s'habituer aux différentes manoeuvres durant les premiers temps de jeu. Heureusement le cerveau humain fait parfois des merveilles et l'on parvient au bout d'un moment à s'y retrouver. De nombreux mouvements demeurent par ailleurs pratiquement impossibles ou alors parfois franchement pénibles. Passer une porte revêt rapidement un caractère très pénible, les moindres obstacles sont susceptibles de poser problème et n'envisagez surtout pas d'aller faire quelques brasses avec Cain, il est nul en natation et mourra après avoir posé le gros orteil dans l'eau.
Côté graphismes Eternal Ring prend soin des puces de la PS2 et s'efforce de ne pas malmener la machine. Le soft reste cependant relativement esthétique mais on se serait franchement attendu à beaucoup mieux. Les décors sont néanmoins vastes et relativement riches en détails. Reste toutefois la difficulté d'une vue subjective qui paradoxalement manque de personnalité et ne facilite pas l'immersion totale du joueur dans l'aventure. Vous passerez donc à côté des gems posés à vos pieds et vous lancerez dans de fastidieux mouvements pour améliorer votre champ de vision. La bande-son de son côté se porte bien avec des musiques très présentes et surtout très répétitives alors que les voix sont globalement soignées.
Au final, Eternal Ring manque cruellement de punch et ne satisfera que les accros des précédents titres du développeur. Le mélange entre jeu d'action et RPG semble être mal géré par ce soft qui rate quelque peu son entrée sur PS2.
- Graphismes14/20
Des graphismes décevants et qui auraient pu être plus saisissants aux vues des performances du support. Les animations restent toutefois de très bonne qualité alors que le système de vues ne parvient pas vraiment à faire ses preuves.
- Jouabilité11/20
Des mouvements pénibles et une manette PS2 qui semble avoir été mal exploitée. Le gameplay manque par ailleurs cruellement de mordant et se veut beaucoup trop lassant.
- Durée de vie13/20
De nombreuses heures de jeu en perpective si l'on considère l'ampleur de la quête ainsi que l'immensité des zones à explorer. Reste à espérer que le joueur ne se lasse pas rapidement d'un soft qui manque autant de personnalité
- Bande son12/20
Une bande-son soignée au niveau des dialogues mais dont les musiques en dépit de leur qualité s'avèrent assez répétitives pour devenir rapidement assommantes.
- Scénario12/20
Un scénario qui met trop de temps à se clarifier alors que l'idée de départ semblait intéressante. Le concept original n'est malheureusement pas servi par la réalisation de ce soft.
Un titre qui ne parvient pas à convaincre et qui énerve par sa réalisation. Dommage car on ne doute pas un seul instant que le concept et le scénario méritaient qu'on s'attarde sur ce soft.