Le faste, le luxe, la richesse, le culte, l'extravagance, la démesure, la transcendance même... c'est le lot des Pharaons, adulés du peuple, émissaires des dieux. Qui n'a jamais rêvé perçer les mystères des grandes pyramides, qui n'a jamais été fasciné par la puissance de la civilisation égyptienne ?
Alors qu'il nous était déjà possible d'approcher la culture romaine dans 'Caesar', ou les ethnies européennes et barbares dans 'Age of Empires' et 'Seven Kingdoms', 'Pharaon' apporte une touche d'exotisme en prenant place en Afrique du nord, à l'époque fascinante de l'Egypte ancienne. C'est dans la peau du Pharaon que vous tentez de fonder une civilisation digne de ce nom et surtout digne de l'histoire. Vous traverserez les générations grâce à vos descendances, et pourrez ainsi achever les ouvrages les plus fous, établir des stratégies à très long terme et forcer la précision de la simulation dans ses moindres détails. Avouons-le tout de go, le jeu en lui-même ne propose rien de neuf dans la réflexion, ni même dans le déroulement des missions par rapport aux précédents cités. Au tout début il faut aménager le terrain pour les habitations, installer les infrastructures (routes, eau), alimenter la population (chasse), et gagner déjà la confiance des citoyens. Ces premières missions correspondent en fait à la partie didacticiel, nécessaire pour tout néophyte. Une fois ce cap franchi, on entre dans le vif du sujet.
Le but premier d'un tel jeu est de tenir compte d'un maximum de paramètres liés à la vie d'une société ; rien n'est donc laissé au hasard, et on demande beaucoup de rigueur au joueur. Heureusement, la gestion est très claire, puisqu'elle fonctionne par structures : alimentaire, logistique, sanitaire, industrielle, municipale, religieuse, d'éducation et militaire. Pour chaque, une quantité variable de constructions est proposée, ce qui donne au final de bien belles perspectives de développement. Dans la mise en place de votre société, vous devez donc veiller au bonheur du peuple en leur offrant des loisirs, en organisant des fêtes etc. Essentiel aussi, entretenez le culte des divinités ! En effet, outre le fait que ça contribue à la sérénité ambiante, ça évite surtout de vous attirer leurs fureurs, capables de perturber fortement la vie du royaume. D'un autre côté, vénérer copieusement les dieux, c'est profiter de leur bénédiction quand, par exemple, ils favorisent les crues du Nil. Oui, le Nil. Vous ne l'aviez tout de même pas oublié celui-là ? Il est essentiel, et c'est toute l'agriculture qui en dépend. Du jour au lendemain, il peut tout anéantir... Et d'une saison à l'autre, il peut rendre fertiles les terres qui le bordent.
Le plus difficile n'est pas de peupler une cité et de fonder une grande ville, mais de gérer celle-ci. En jouant à Pharaon, vous vous improvisez mini-économiste ! Chômage, impôts, priorités de développement (industrie ? agriculture ? religion ? loisirs ?) etc. Dites-vous bien une chose, tout est question de demi-mesure et d'équilibre en économie. Et ne vous ratez pas car, en tant qu'omnipotent, vous ne pouvez pas vous permettre de démissionner comme cela se pratique parfois de nos jours (si, si...). Des conseillés dans chaque domaine vous aident, vous disent ce qui ne va pas, font des prévisions... En plus, des graphiques et des cartes aident dans le suivi et sanctionnent vos choix, pas toujours de façon très cohérente d'ailleurs. Enfin, vous devrez composer avec un facteur inévitable : la guerre. Vos cités doivent être renforcées, ceinturées de murs ; votre armée doit être prête au combat. L'issue des luttes armées dépend de plusieurs paramètres qui, combinés, offriront victoire ou défaite. Attention aussi aux retombées des conflits...
Ce qui frappe d'emblée dans Pharaon, c'est l'authenticité historique. Ce n'est pas prêcher la bonne parole que de dire que les jeux vidéo peuvent être un bien bel outil pédagogique, on s'en était déjà plus ou moins bien rendu compte avec les productions de Cryo (on pense entre autres à Aztec). Ici, les développeurs ont dû recourir à des recherches documentaires remarquables. Une fois le jeu fini, on en sait beaucoup plus sur les coutumes et modes de vie des égyptiens de l'époque. C'est toujours ça de pris.
- Graphismes18/20
Exceptionnel. Les bâtiments sont très nombreux et très fins. Mention spéciale pour les grandes constructions (Louxor, les statues, les obélisques, pyramides, temples), le gigantisme est parfaitement recréé. Un chef d'oeuvre !
- Jouabilité17/20
Clair et précis, ces deux ne sont pas toujours conciliables. Ils le sont ici. Une tonne de textes expliques brièvement les constructions. Excellent.
- Durée de vie17/20
C'est long et difficile. 3 campagnes, 30 missions, plus des missions isolées. De plus, des niveaux de difficulté sont au choix, et un éditeur permet de créer ses cartes. Au boulot !
- Bande son17/20
Ca grouille de sons (des animaux, des bruits de marché, de construction...) on se croirait en plein centre ville un samedi après-midi ! Les musiques sont planantes et très jolies.
- Scénario17/20
Somme toute classique, mais au combien efficace ! Diriger, c'est quand même un sacré pied, et la profondeur du jeu autorise à toutes les fantaisies. On se surprend même à faire de l'urbanisme tant les décors sont beaux !
Pharaon est un jeu vraiment excellent, dans tous les sens du terme. Graphiquement, c'est un bijou, l'ergonomie est exemplaire, la gestion ultra complète, et en plus la précision historique du jeu induit une certaine pédagogie. Chapeau bas, donc, mais pas plus de 17 car, dans le fond, c'est du déjà vu à quelques exceptions près.