C’est une Madeleine de Proust pour les joueurs, mais juste un souvenir crispant pour moi

Quoi qu’on en dise, la sortie de Final Fantasy VII a eu un impact sans précédent sur l’immense saga de Squaresoft (société devenue, par la suite, Square Enix). Pour autant, il existe tout une frange de joueurs qui ne considère pas ce titre comme étant leur préféré. Bien souvent, au sein de la communauté Final Fantasy, c’est souvent le premier jeu que l’on découvre qui conditionne ce choix. C’est notamment pour cette raison que les joueurs citent volontiers tout un tas de noms différents : Final Fantasy VI, Final Fantasy VIII, Final Fantasy IX, Final Fantasy X ou bien d’autres exemples encore. En l’occurrence, c’est Final Fantasy X qui m’a introduit à cette immense saga et qui m’a donné envie de découvrir et de me passionner pour les autres opus. Par conséquent, je n’ai pas le même rapport à Final Fantasy VII qu’une certaine partie de la communauté, même si mes sentiments vis-à-vis de cet épisode ont grandi avec le temps et que le projet d’un remake en trois parties a eu un effet considérable au point où cet opus a gagné des places dans mon classement personnel.

Ceci étant dit, j’ai adoré découvrir l’intrigue, les personnages et le système de jeu de l’époque - même des années après la sortie - tout comme j’ai été subjugué par la relecture offerte par Square Enix avec Remake (2020) et Rebirth (2024) dont vous pouvez retrouver le test, récemment publié dans nos colonnes. Pour autant, il y a des éléments du jeu original qui m’ont parfois crispé au plus haut point, à l’image de cette phase de plateformes où Cloud doit agripper un câble pour atteindre un endroit surélevé. Cependant, ce qui m’a toujours paru incompréhensible, c'est la ferveur avec laquelle la communauté pouvait vanter les nombreux mini-jeux présents dans le titre, plus particulièrement ceux disponibles au Gold Saucer. Forcément, à une époque où les équipes de Square se font la main sur l’utilisation de la 3D et où les joueurs découvrent le potentiel ludique des nouvelles consoles de salon, ce type d’activité a de quoi faire l’unanimité. Le souci, à l’inverse, c’est que le résultat peut vite tomber à plat quand on les appréhende avec quelques années de retard, un peu comme je l’ai vécu.

---

Fort Condor, Queen’s Blood, Costa Del Sol : une myriade d’idées franchement divertissantes

En partant de ce postulat, la tâche est doublement ardue pour Square Enix puisqu’il faut à la fois satisfaire les amateurs des mini-jeux du Final Fantasy VII de 1997 et convaincre les plus réfractaires que les mauvais souvenirs qu’ils en ont seront gommés grâce à Final Fantasy VII Rebirth. Comme évoqué dans notre test, je me suis baladé des dizaines et des dizaines d’heures pour boucler l’aventure une première fois, essayant de trouver un juste équilibre entre la découverte des zones ouvertes, la multitudes d’activités à réaliser et l’envie de connaître tous les tenants et aboutissants du scénario. Là où la suite de Remake est parvenue à réussir un très joli coup, c’est dans sa manière de proposer un contenu qui donne envie de perdre son temps, et effectivement cela a été très difficile par moments de maintenir une ligne directrice et de ne pas se disperser. À plusieurs reprises, Final Fantasy 7 Rebirth m’a tendu la perche, m’invitant à succomber à ses activités annexes telles que les parties de Queen’s Blood, le jeu de cartes inédit de cette suite, et j’ai craqué.

Je ne suis pas spécialement friand des jeux de cartes mais je dois dire que la Creative Business Unit I a réussi un très gros coup avec ce contenu annexe ! En l’occurrence, le Queen’s Blood repose sur un système très simple où l’on pose des cartes, possédant un niveau de puissance, un rang (une condition à remplir pour la poser sur le plateau) et, parfois même, une aptitude spéciale (augmentation/réduction de puissance, pouvoir de substitution, …). Au fur et à mesure de la compréhension des mécanismes, de l’acquisition de nouvelles cartes et de l’élaboration de decks personnalisés (ou préétablis, grâce à un petit coup de main des développeurs), on se prend totalement au jeu. D’autant que le Queen’s Blood ne se résume pas à enchaîner les matchs à droite à gauche mais dissimule une intrigue suffisamment bien mise en scène - la première cutscene qui débarque sans crier gare est vraiment surprenante ! - pour piquer notre curiosité et nous donner envie d’en atteindre la conclusion. À titre personnel, je ne pouvais pas m’empêcher d’aller défier tous les personnages qui apparaissent dans les nombreux points de passage de l’aventure.

D’ailleurs, les équipes derrière Rebirth n’ont pas travaillé qu’à cet unique mini-jeu. On a, par exemple, été ravi de voir que les épreuves du Fort Condor, découvertes dans le DLC Intermission de FF7 Remake, étaient de retour dans le temps de la quête liée aux Protoreliques dans la région de Sous-Junon. Bref, une petite parenthèse supplémentaire qui vient souffler un vent de fraîcheur et d’insouciance dans l’aventure, à l’image de l’épreuve à la Fall Guys, où nos héros sont transformés en crapauds, ou l’escale à Costa del Sol où gyropodes, tirs à la carabine, concert de piano, « football » dans la peau de Nanaki, chasse aux Pampas bonheur dans la station balnéaire, etc. Finalement, ces petites activités divertissantes font presque le charme de ce Rebirth tant elles prennent le contre-pied de l’aventure et jouent sur l’alternance de rythme de la trame principale. Cependant, le point culminant dans mon expérience des mini-jeux de Final Fantasy VII Rebirth restera la redécouverte du Gold Saucer, des retrouvailles qui ont tout changé.

Voir Final Fantasy 7 Rebirth sur PS5 chez la Fnac

---

Un Gold Saucer retravaillé qui va mettre tout le monde d’accord

Dès l’instant où les joueurs ont sauté au plafond en sachant que ce Final Fantasy VII Rebirth allait nous embarquer pour le Gold Saucer, je savais que le plus périlleux pour cette suite allait être de prendre sa revanche sur ce désamour que je vouais à ce lieu culte. Qu’on s’entende, le Gold Saucer est un lieu iconique à mes yeux mais l’ensemble des commentaires positifs au sujet des mini-jeux m’a toujours paru galvaudé. La course de Chocobo ? Sans plus. Les activités du Wonder Square ? Dispensables. Le Moto-GP et le Speed Square ? Difficiles à apprécier à cause de la jouabilité. Le Battle Square ? Un peu frustrant en raison de la restriction à un seul personnage. Pas besoin de tout énumérer pour comprendre que mes meilleurs souvenirs du Gold Saucer ne proviennent pas de ces activités. En partant de là, Final Fantasy VII Rebirth avait tout à gagner… et il a très largement réussi ! Dès la scène d’introduction du parc d’attractions, dans le funiculaire puis sur la place centrale, accueilli par Dio, Final Fantasy VII Rebirth m’a fait comprendre qu’il allait balayer ces mauvais souvenirs d’un revers de la main.

Tout en sachant que je me suis fixé l’objectif de parcourir le jeu en long, en large et en travers, j’éprouve désormais un plaisir non dissimulé de remettre les pieds au Gold Saucer à intervalles réguliers pour y accomplir les nouvelles missions que j’ai débloquées au fil de ma complétion des différentes régions, notamment dans la zone du Battle Square qui m’a offert quelques-uns des affrontements les plus tendus que j’ai pu vivre en parcourant Final Fantasy VII Rebirth. Bien que ce contenu annexe soit dans la continuité du simulateur de combat de Chadley, il a été une manière pour moi de me perfectionner dans la maîtrise du système de combat, au point que les affrontements sont devenus un jeu dans le jeu. En fin de compte, cet immense complexe, c’est un moyen de briser toute forme de lassitude. Des années et des années après avoir découvert Final Fantasy VII, je m’amuse du principe désormais simple et accrocheur des courses de chocobos qui, ici, ont gagné en fluidité.

Finalement, il n’y a plus rien de rebutant pour moi au sein de la myriade d’activités que propose le Gold Saucer. Comme dans le jeu original, il faut écumer les mini-jeux durant de longues minutes pour récupérer toutes les récompenses qu'il a à offrir. Alors, en fonction des envies, j’enchaîne quelques parties de Chasseurs de l’espace - un shoot’em up qui parfois me rappelle les portions en vaisseau gummi de Kingdom Hearts 3 -, je m’élance à vive allure dans les folles chevauchées motorisées du G-Bike, bien moins rigides et crispantes qu’à l’époque, ou alors j’affronte des modèles réduits, reproduits sur la base de l’esthétique d’origine, en duel aux poings dans le 3-D Brawler. Après tant d’années à mettre le Gold Saucer, il est presque devenu un incontournable de mon périple sur Final Fantasy VII Rebirth. En même temps, il y a un corner dédié au Queen’s Blood et Nanaki qui m’attend, fièrement dressé sur deux pattes et accoudé à une table, pour en découdre encore et encore : rien que ça, ça m’a convaincu.

---