Depuis son déploiement dans l'espace en 1998, la Station Spatiale Internationale (ISS) a été la concrétisation d'une ambition humaine sans précédent, accueillant continuellement équipages et recherches scientifiques. Aujourd'hui, la NASA envisage de consacrer presque un milliard de dollars à un projet surprenant : la désorbitation contrôlée de l'ISS. Mais pourquoi une telle démarche, et quelles sont les implications techniques, politiques et culturelles de cette décision ?
Pourquoi les États-Unis, via la NASA, cherchent à détruire l'ISS d'ici peu ?
En quelques mots, L'ISS est un pilier de l'exploration spatiale et de la coopération internationale. Elle est principalement utilisée pour mener des expériences scientifiques. Conçue et construite par un partenariat global impliquant principalement les États-Unis et la Russie, mais aussi le Canada, le Japon et l'Europe, la station a dépassé son objectif initial de 15 ans de fonctionnement (elle a commencé à accueillir des spationnautes de façon permanente dès l'an 2000), marquant de son empreinte plus de deux décennies de progrès sur les plans scientifiques et techniques. Aujourd'hui, l'ISS reste un symbole solide de l'entente internationale, notamment russo-américaine, dans l'espace malgré, vous allez le voir, des relations politiques souvent tumultueuses sur Terre.
L'ISS tourne en parmanence au-dessus de nos têtes, en orbite basse. Cet emplacement dans la partie supérieure de l'atmosphère terrestre implique une fatalité : à cause de la friction atmosphérique qu'elle subit, la Station Spatiale Internationale doit inévitablement retomber sur Terre. En effet, sans relances périodiques, la construction perd de la vitesse et de l'altitude, courant le risque de se désintégrer de manière incontrôlée lors de sa rentrée dans l'atmosphère. Les conséquences d'un tel événement seraient dramatiques.
En outre, l'ISS a subi les effets de l'environnement spatial hostile pendant plus de vingt ans, ce qui a entraîné un vieillissement de sa structure. Les composants de la station sont usés par le rayonnement, les impacts de micro-météorites et les extrêmes thermiques, ce qui rend la station moins sûre et plus difficile à entretenir.
Enfin, il faut rappeler le fait que la gestion responsable de l'espace est devenue une priorité en 2023. L'orbite basse de la Terre est encombrée de tonnes de satellites et projets spatiaux, certaines personnes parlent même d'une "poubelle à ciel ouvert". La désorbitation contrôlée de l'ISS est donc également une mesure proactive pour éviter les collisions et la prolifération de débris spatiaux, assurant ainsi la sécurité et la durabilité des opérations futures en orbite terrestre basse.
C'est pour toutes ces raisons que la NASA préconise une stratégie de descente maîtrisée, avec l'intention de diriger la station vers les zones les moins peuplées de l'océan Pacifique. Le processus envisagé comprend une phase de décroissance orbitale naturelle suivie d'une mise à feu de désorbitation à une altitude d'environ 250 miles. L'objectif est de contrôler la descente de la station pour minimiser les risques et s'assurer que les débris restants ne présentent pas de danger pour la population mondiale.
They aren’t actually talking about spending $1B to destroy the ISS—International Space Station—right? How out of touch with reality are these people? https://t.co/9C8Y3Fy9g3
— enya. (@influenya) November 21, 2023
Des conséquences géopolotiques compliquées : États-Unis, Russie, Chine...
L'ISS étant le fruit d'une collaboration internationale, sa "destruction" aurait dû, à l'origine être assumée par plusieurs nations. Aujourd'hui... c'est compliqué. Les relations tendues entre les États-Unis et la Russie, exacerbées par les événements géopolitiques récents, mettent en péril le plan initial qui prévoyait l'utilisation de véhicules russes Progress pour la désorbitation de l'ISS. Ces préoccupations ont poussé la NASA à envisager un véhicule de désorbitation américain, réduisant la dépendance envers la Russie et permettant une plus grande autonomie dans la gestion de la fin de l'ISS.
Cette situation a également des conséquences sur les futures coopérations internationales. De son côté, la NASA établit des accords bilatéraux avec des pays alliés aux États-Unis pour l'exploration lunaire. Pendant ce temps, à l'Est, la Russie et la Chine développent leurs propres projets spatiaux indépendamment de l'ISS. La station spatiale, reconnue comme un triomphe de la coopération internationale, pourrait soit devenir la fondation sur laquelle l'avenir de l'exploration spatiale se poursuivra, soit rester un cas isolé et singulier dans l'Histoire.
L'opération de désorbitation représente un défi à la fois technique, géopolitique et financier, certes, mais elle offre aussi des opportunités significatives pour l'industrie aérospatiale commerciale. En effet, la NASA lance un appel d'offres pour un véhicule de désorbitation sur mesure et, a priori, une ou plusieurs sociétés privées devraient joindre leurs forces à celles de l'agence spatiale américaine dans cette périlleuse entreprise.
La fin de l'ISS est programmée pour le début de la prochaine décennie. Cela signifie que la désorbitation contrôlée de la Station Spatiale Internationale est envisagée aux alentours des années 2030. Cependant, il est important de noter que les dates exactes peuvent évoluer en fonction des décisions des agences spatiales partenaires, de l'état technique de la station, et des développements politiques et financiers futurs.